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Assemblée Générale APAT du 10 février 2024

 

Rapport d’activités année 2023

 

Bonjour à tous et à toutes, et bienvenue à notre assemblée générale, la 18ème si je calcule bien.

J’ai été un peu embarrassé, avant de commencer ce rapport, à la relecture du rapport de l’an dernier : pour ce qu’il en est du préambule, j’ai eu le sentiment que je pourrais en faire un copier-coller. Je vais éviter de me répéter. Néanmoins le contexte dans lequel s’inscrivent nos pratiques en institution n’a pas changé, le rouleau compresseur du « tout neuro » et des « bonnes pratiques » promus par la Haute Autorité de Santé et relayés par les ARS poursuivent leur œuvre avec des effets délétères sur des professionnels qui ont de plus en plus de mal à s’y retrouver.

Particulièrement chez les enfants, l’approche quantitative des « troubles », dont beaucoup sont rangés la catégorie des TND (troubles du neuro développement), la mise en place des plateformes dont le travail consiste essentiellement à les orienter vers des professionnels libéraux à fin d’évaluation ne change rien au fait qu’il y a une grande absence de moyens pour leur prise en charge. Des mois d’attente pour une première consultation en pédopsychiatrie ou CMPP, des orthophonistes et psychomotriciennes complètement débordées, un recours aux traitements en augmentation …

Même problème concernant les adultes, la psychiatrie se porte mal, il y a un manque criant de psychiatres, des lits sont fermés dans les structures de soin. Le dispositif « Mon psy » est un échec au niveau national.

Des équipes restent néanmoins mobilisées pour défendre une qualité de travail et soutenir une approche respectueuse du sujet.

Où sont les bonnes pratiques ? Nos bureaucrates gouvernementaux inventent des « machins » aurait dit notre célèbre général, nos anciens auraient parlé de cautère sur une jambe de bois. Pourtant, du côté « santé mentale », ça ne va pas bien. Une étude de Santé Publique France publiée ce lundi indique que les jeunes adultes (18-24 ans) sont les plus touchés par les pensées suicidaires et les tentatives de suicide depuis le confinement lié au Covid (de 6,1% en 2017 à 10,8% en 2021). Seulement un peu plus de la moitié ont bénéficié d’un suivi post hospitalisation. Plus globalement, la France présente un des taux de suicide les plus élevés en Europe (8666 décès en 2017, pour 700000 dans le monde pour l’OMS). Sans surprise, les plus touchés sont les personnes sans emploi, qui vivent seules ou dans un cadre monoparental, vulnérables sur le plan socio-économique.

Il y aurait tant à faire, sur le plan social et psychologique, et à défaut de psychiatres, où sont créés des postes de psychologues dans le service public, accessibles pour tout un chacun ?

Si on rajoute à cela les inquiétudes liées au devenir de la planète, les conflits et menaces liés à l’actuel bouleversement de l’ordre mondial, la perte des repères (l’ordre symbolique n’étant plus ce qu’il était, qui voit l’augmentation des passages à l’acte violents, le contexte en ce début d’année n’est pas très gai, ni rassurant. Malaise dans la civilisation …

Que peut la psychanalyse ? Y réfléchir, tenter de comprendre, garder la boussole du désir, s’intéresser au prochain (au proche), participer à la restauration du lien, là où l’on est. C’est peu, et c’est beaucoup.

La pratique en libéral échappe encore au carcan administratif et n’a de compte à rendre à aucune instance, et elle accueille toujours beaucoup de demandes.

On peut avoir par ailleurs le sentiment que le discours scientiste dominant rangeant la psychanalyse au rayon des pratiques dépassées finit par s’infiltrer partout et on ne peut qu’en constater les effets.

Il semble bien qu’il y ait de fait une certaine désaffection quant à l’intérêt porté à la chose analytique, il y a un peu moins de monde aux conférences que nous organisons, alors qu’elles concernent des sujets d’actualité (plutôt moins de membres que de public extérieur), moins d’adhésions à notre association, et dans nos rangs moins de présence aux réunions et de propositions de travail.

Il y a eu l’effet Covid, générant un certain repli sur soi et les proches, dont il se dit qu’à l’occasion beaucoup d’associations ont perdu la moitié de leurs membres, nous en sommes loin, mais la pente n’incline pas dans le bon sens. Certains d’entre nous ont quitté la région, d’autres sont moins disponibles, c’est sans doute la vie normale des associations. Mais d’autres nous rejoignent aussi.

Nous devons dépasser ce constat pour pouvoir penser le devenir de notre association, la psychanalyse nous donne les outils pour penser ces changements mais elle doit également s’y inscrire. APAT nous permet ne pas être seuls dans le cadre du travail, les échanges y sont enrichissants, et soutenants quand le désir peut fléchir. Et il est agréable de se rencontrer et de penser ensemble, c’est en tout cas très utile pour la jeune génération, il est important de transmettre.

Le partage, le lien, le collectif, le non anonymat sont des valeurs qui se perdent dans nos structures, alors que nous en avons besoin plus que jamais. APAT porte ces valeurs, elle permet aussi de maintenir une sensibilité à la vie psychique.

Notre association à toute sa place dans le monde actuel pour faire face aux difficultés que nous rencontrons, elle a en tout cas toute sa place dans la cité, mais cette place doit être réinterrogée, comme nos activités. L’existant a sa valeur, qui doit se poursuivre, mais sans doute va-t-il falloir être inventifs pour relancer l’intérêt pour notre discipline, Investir les institutions, développer nos partenariats avec les structures socioculturelles ...

Voilà pour l’aspect politique des choses, qu’on peut entendre selon la formule de Lacan en 67 « l’inconscient, c’est la politique ». L’inconscient comme discours de l’Autre a une dimension transindividuelle, signant l’intrication du discours analytique et du social.

Après ce détour passons à présent aux activités réalisées en 2023.

 

Les conférences

Vous pouvez retrouver arguments et bibliographies sur le site.

Des groupes de travail cliniques ont pu avoir lieu l’après-midi.

Elle nous a livré des apports théoriques intéressants sur ce qui déborde le sujet, en distinguant action, comportement et acte, qui vient à la place d’un dire qu’il court-circuite, il prend néanmoins ses coordonnées du langage et est articulé à son reste, pulsion de mort chez Freud, jouissance chez Lacan. Plusieurs cas cliniques abordés, conférence intéressante et appréciée.

Le film et les intervenants nous ont exposé un véritable travail de secteur tel que l’on en trouve plus beaucoup, cette équipe ayant su travaillé en réseau impliquant magistrats, police, pompiers, établissements d’enseignement, refuges, pour une prise en charge prévenante et délicate de sujets en crise. Cela repose beaucoup sur la personnalité d’Isabelle Béguier qui sait entrainer les uns et les autres dans cette démarche. Mais c’est aussi fragile. Nous nous sommes bien retrouvés dans ce travail, que les plus anciens d’entre nous ont connu. Cela peut donc encore exister, mais pour combien de temps ? Ce fut un moment intéressant et agréable.

Les intervenantes ont déplié sous beaucoup d’aspects la question très actuelle du genre, et des demandes de plus en plus importantes de transition sociale ou médicale de la part d’enfants et d’adolescents.

La facilité avec laquelle parents ou médecins répondent à ces demandes interroge, quelles conséquences des traitements hormonaux peuvent advenir sur le plan de la santé, d’un éventuel regret quand il y a eu recours à la chirurgie, pour des sujets en construction dont l’identité ou le choix d’objet reste parfois incertain ?

Sujet sensible par rapport à une revendication des droits, les intervenantes sont traitées à l’envie de transphobes dans les milieux militants et réseaux sociaux.

Rien de tel pourtant dans leur ouvrage ou leurs propos. Le simple fait de questionner les choses, de recommander la prudence suffit. Nous avons eu dès l’annonce de la conférence et durant celle-ci des réactions quelque peu vives.

Du moins elles n’ont pas été empêchées de parler, ce qui arrive en d’autres lieux.

On assiste à un phénomène de banalisation du recours à la PMA y compris pour des personnes seules, lié à l’évolution des idées, du droit, avec pour conséquence une déconnexion entre procréation et sexualité, et un effacement du masculin et du féminin qui sont des repères importants pour l’enfant. Anne Joos a déplié cette question de cet effacement problématique de l’altérité, avec des vignettes cliniques et de façon sensible et délicate.

Sont prévues pour 2024

 

Les groupes de travail

Je vais me contenter d’indiquer les groupes, leur contenu ayant déjà été détaillé dans les rapports précédents. Vous pouvez aussi en trouver la description et le fonctionnement sur notre site internet.

Leurs responsables pourront ensuite vous en dire quelque chose s’ils le souhaitent.

 

Travail théorique

Aujourd’hui, 4 groupes en activité :

(Ce groupe est arrêté depuis la rentrée de septembre)

(Ce groupe est suspendu depuis le confinement, mais pourrait redémarrer si participants)

(Une ou deux personnes peuvent rejoindre ce groupe)

(Groupe ouvert)

(Ce groupe peut encore accueillir quelques participants)

(en suspens)

(Groupe en constitution, en attente de participants)

 

Travail clinique

Aujourd’hui, 3 groupes en activité :    

(Groupe arrêté en septembre)

(Groupe pouvant accueillir encore une personne)

(Groupe pouvant accueillir un ou deux participants)

(Groupe arrêté)

(Contacter les responsables pour participer)

 

Autres activités

 

Institut Universitaire Rachi

Le séminaire

Comme les années précédentes certains de nos membres y animent, à titre personnel, un séminaire qui a pour titre « Nouvelles approches psychanalytiques », qui fonctionne sur la temporalité de l’année universitaire. En 2022-2003 ce séminaire s’est tenu sur le thème du numérique, sujet d’actualité, avec pour titre « Le numérique, parlons-en ».

Là aussi on peut en retrouver les argument et les questions soulevées sur notre site.

Sans doute que ce sujet un peu intrigant de l’envahissement de nos vies par la cybernétique abordé dans une perspective analytique, conjoint à un format d’interventions plus courtes laissant plus de place à l’échange, a permis un regain de présence lors de ce séminaire.

L’année 2023-2024 se poursuivra avec la « Reprise des concepts fondamentaux de la psychanalyse - Questions retravaillées par l'actualité ».

 

La bibliothèque APAT

Nous avons avec l’institut conclu un partenariat, renouvelé, pour l’accueil de notre bibliothèque au sein de la sienne, alimentée par l’achat ponctuel de livres comme ceux des conférenciers que nous invitons pour nos conférences, et par des dons : n’hésitez donc pas à y déposer les ouvrages que vous auriez en double, ou que vous ne souhaitez pas conserver.

Depuis le départ de la bibliothécaire et la réorganisation de l’Institut suite au départ de Géraldine Roux, les conditions d’accès et fréquentation de ce lieu ont été rendues difficiles.

Nous espérons qu’une amélioration des conditions d’accès sera possible dans les mois à venir, merci en tout cas à Monsieur Degardin qui fait de son mieux de façon bénévole ainsi qu’à Alain Mery qui se penche sur un mode de classement de nos livres plus adapté.

 

Médiathèque Jacques Chirac (TCM)

Nous gardons de bonnes relations avec la Médiathèque de Troyes, pas tant cette année pour alimenter le rayon psychanalyse, mais nous avons conclu un partenariat avec elle pour organiser un évènement Contes et psychanalyse sur un mode un peu plus festif dont nous avons pris l’habitude pour les fins d’année. Finalement cette manifestation inscrite au programme sera réalisée en début d’année 2024, à la satisfaction de Pauline Hager qui en a pris l’initiative et du public présent.

Médias

Nos jeunes collègues continuent d’alimenter la page Facebook de l’association avec les annonces de nos manifestations.

Quant au site, nous attendons que l’informaticien finisse par surmonter les difficultés qu’il a rencontrées pour faire fonctionner la nouvelle version qu’il a créée. Il devrait aussi nous proposer un logo.

CPAT

La grande nouveauté de cette année 2023 a été la réalisation du projet de consultation psychanalytique qui vous avait été présenté l’an dernier lors de l’AG (à retrouver sur notre site), et qui a pu voir le jour après que la Ville nous ait trouvé un local, puis accordé une subvention pour pouvoir le rendre opérationnel et le faire fonctionner.

La Consultation Psychanalytique à Troyes a été déclarée officiellement le 4 avril 2023, et est domiciliée à son local au 18, rue Coulommière à Troyes. Il aura fallu ensuite attendre que l’on nous attribue un appartement, attendre les subventions, acheter l’indispensable en matériel, mobilier et prendre les abonnements nécessaires pour être enfin prêts à commencer en décembre.

Nous devons remercier la Ville de Troyes, et particulièrement Madame Céline Blott, directrice du CMAS, et Monsieur Marc Bret, qui nous ont accompagnés et soutenus dans notre projet.

L’information se diffuse peu à peu, aussi par le biais d’associations que nous avions rencontrées. Nous avons commencé à recevoir des patients. Nous souhaitons, plutôt qu’une information anonyme laissée çà et là, que notre dépliant soit remis de façon personnalisée à quelqu’un qu’on estime pouvoir entrer dans notre dispositif, c’est-à-dire quelqu’un un tant soit peu en capacité d’interroger son implication dans ce qui lui cause problème, lui fait symptôme.

Ce traitement court de 15 séances gratuites est vraiment une expérience nouvelle qui est tout à fait différente de nos pratiques habituelles de travail à plus long cours, et qui fait néanmoins le pari d’une certaine efficacité possible, cela va nécessiter de sérieux échanges cliniques entre les 11 intervenants qui s’y engagent.

C’est nouveau, cela mobilise et interroge, en un mot c’est enthousiasmant ! Et cela répond à la question posée précédemment : Que peut la psychanalyse, dans le contexte du malaise actuel ? Un petit bout de quelque chose, qui n’est pas rien.

 

Pour conclure

Nous rencontrons néanmoins un sérieux problème, et il faut l’aborder, c’est celui des adhésions que j’évoquais en préambule.

Il semble bien que nous ayons encore perdu de nombreux membres, leur nombre passant d’une soixantaine il y a quelques années à une cinquantaine l’année dernière, puis à une quarantaine cette année. Certains se sont éloignés sans crier gare, d’autres ont sans doute oublié de régler leur cotisation, malgré les rappels.

Notre trésorière va vous présenter son rapport financier, et sans doute le savez-vous déjà nous sommes très largement déficitaires pour chaque manifestation que nous organisons, malgré le fait que le nombre de personnes donnant une participation ait augmenté cette année. Nous avons dû plusieurs fois prendre dans la réserve pour assurer nos dépenses. S’il n’y a pas un sursaut, cela va devenir problématique.

Il va falloir que chacun se positionne de façon claire sur son engagement à soutenir la cause analytique, ici à Troyes, ce pourquoi APAT a été créée. Et se détermine quant à savoir si l’aventure mérite d’être poursuivie, et d’agir en conséquence.

Je rappelle qu’il est possible à tout un chacun de faire des propositions de travail ou de conférences, de modalités de transmission, d’être inventif sur d’autres formats possibles pour ces actions. Je rappelle que l’administration d’APAT est là pour soutenir et permettre la réalisation de projets sur lesquels on s’accorde.

Bref, j’en appelle non pas à un réarmement d’APAT, signifiant d’actualité, une remobilisation devrait suffire. Les armes ne sont pas nécessaires, les outils nous les avons.

Et le désir qui nous anime est le meilleur moyen de ne pas céder à la morosité ambiante.

Je laisse ma place au bureau comme prévu, elle sera remise entre de bonnes mains.

Merci au bureau pour le travail accompli, à Lena qui cède également sa place en nous laissant des comptes bien tenus et un instrument utile pour ce faire.

Bonne continuation à tous, merci pour votre attention.

 

Denis Schmitt                                                                                                 Troyes le 10 février 2024

Président d’APAT