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2  Conférences - débats 

le samedi 29 novembre 2014

 

Claude de la Génardière 

Psychanalyste à Paris et intervenante en milieu hospitalier

auprès d'équipes soignantes en soins palliatifs

Ecouter, penser, écrire : l'expérience d'une psychanalyste

10h à 12h

Travailler avec le conte

14h30 à 16h30

 

Hôtel du Petit Louvre - TROYES
(Angle des rues Linard-Gonthier et Boucherat)
 
Blog « Rue Freud » : http://cdelagenardiere.blogspot.com/
 

Inscription préalable requise, modalités : voir en bas de page 

 

Arguments :

Ecouter, penser, écrire: le travail du psychanalyste :

Le parcours d’écriture aboutissant au livre Rue Freud servira de fil rouge à la conférence. Il s’agit d’une tentative pour rendre compte de tout ce avec quoi peut travailler un psychanalyste, sa capacité associative, l’expérience de sa propre analyse, ses références culturelles ainsi que celles issues d’un patrimoine universel et les rebonds de toutes ces données sur la clinique et la théorie psychanalytiques. Le résultat voudrait donner l’idée d’une théorisation en mouvement, proposant de réanimer nos façons d’utiliser les apports théorico-cliniques accumulés depuis l’invention de la psychanalyse.

Travailler avec le conte :

Atelier à partir de la recherche de Claude de la Genardière sur le conte à l’usage des adultes et échange d’expériences des participants avec le conte.

Le conte, initialement de tradition orale, est un récit qui nous dépasse: dans le temps, il se transmet sous des formes diverses et qui nous précèdent. Selon les sociétés, il prend des places différentes, au fur et à mesure de leurs transformations. Aujourd’hui encore, nous travaillons avec le conte mais il nous travaille aussi, et cela de multiples manières. Après la présentation de différentes approches du conte, nous essaierons de confronter nos expériences, nos façons d’utiliser le conte professionnellement, comme thérapeute, animateur, enseignant, bibliothécaire, parent, ou autre. Mais nous ne nous en tiendrons pas à ces usages utilitaires. Nous tenterons de faire place à l’effet du conte sur nous-mêmes et à ce qu’il mobilise en nous pour que nous ayons le désir de le transmettre.

 

Références bibliographiques :

-          Rue Freud (Hermann, 2013)

-          Faire part d’enfances (Le Seuil, 2005)

-          Parentés à la renverse (PUF, 2003)

-          Sept familles à abattre, essai sur le jeu des sept familles (Le Seuil, 2000) 

-         Encore un conte ? Le Petit Chaperon rouge à l’usage des adultes (L’Harmattan, 1996)

 

Une participation de 7€ par conférence ou de 10€ pour les deux, est sollicitée pour les frais d'organisation (sauf pour les étudiants et demandeurs d'emploi, qui doivent s'inscrire à la rubrique "Nous Contacter")

Il est demandé de s'inscrire préalablement

L'inscription et le règlement de la participation peuvent se faire en cliquant sur le lien ci-dessous. Ce n'est pas si compliqué si vous suivez les indications suivantes.

Marche à suivre : s'identifier si vous avez déjà un accès utilisateur, sinon, s'enregistrer comme utilisateur, soit à "s'inscrire" ci-dessous, soit en page d'accueil du site; un lien vous est envoyé par email sur lequel vous devez cliquer pour activer votre enregistrement (c'est une sécurité pour prouver que c'est bien vous qui vous enregistrez et non une machine; si vous ne recevez pas ce mail, merci de nous contacter); vous pouvez accéder ensuite, en vous identifiant, à l'inscription - règlement de la participation, par CB sécurisée ou chèque.

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Ecouter, penser, écrire: l’expérience d’une psychanalyste.

Conférence du Samedi 29 Novembre 2014 par Claude de la Genardière, psychanalyste à Paris et intervenante auprès d’équipes de soins palliatifs.

Puisque nous sommes rassemblés ce matin autour de mon dernier livre « Rue Freud », je vais vous parler de mon parcours d’écriture jusqu’à aujourd’hui. Ce parcours s’est construit au départ sur trois voiesparallèles: celle de mon expérience d’analysante, celle de l'université, où j’ai été étudiante puis chargée de cours, et celle de ma pratique d'animatrice de groupes d'expression et de travail corporel avec les soignants en formation de base, de cadres infirmiers et de médecins.

Dans le cadre universitaire, j’ai enseigné sur le conte avec des étudiants venus des quatre coins du monde à l’université de Paris 8 Vincennes puis à St Denis, dans la banlieue parisienne. C’était un enseignement réciproque des uns par les autres: les étudiants nous transmettaient leur expérience du conte, notamment ceux qui venaient de pays où les traditions orales sont encore vives. Quant à moi, je parcourais avec eux les différents usages du conte jusqu’à nos jours et ses passages par l’écrit, en particulier en Europe.

Au lieu de « l’interprétation » , un processus associatif

J’essayais de transmettre l’apport possible de la psychanalyse dans l’abord du conte, non pas pour « l’interpréter » ou en donner une signification close mais pour faire partager les richesses du mouvement associatif que nous pouvons déployer à partir d’un conte. J’invitais chacun à s’interroger sur son propre rapport avec ce type de récit et à s‘intéresser aux discours tenus sur les contes par les spécialistes et usagers divers, souvent révélateurs des orientations de ceux qui discourent plutôt que des contes eux-mêmes.

Mon livre « Encore un conte? Le petit chaperon rouge à l’usage des adultes » témoigne de cette approche et mon écriture s’y trouve déjà en décalage avec une écriture de type universitaire, grâce à l’objet « conte », supposé « mineur » , et grâce à une utilisation de la psychanalyse, non comme théorie à appliquer mais comme expérience psychique partagée. Cette expérience se vit en principe à partir d‘une rencontre dans un cadre particulier, celui de la séance de psychanalyse. Mais j’ai commencé à explorer, à partir de mon expérience avec les étudiants, quels enseignements ce cadre pouvait donner pour penser ensemble les spécificités du conte et ce qu’il met en travail chez les partenaires de sa transmission.

En effet le conte du « Petit Chaperon rouge » m’a permis d’aborder les situations de contage, telles que les racontent parfois des écrivains, par exemple Pierrette Fleutiaux dans « Les métamorphoses de la Reine », et telles qu’elles se déploient particulièrement dans les « Mille et une Nuits » , notamment dans le récit-cadre. Le conte s’y transmet entre le roi, la future reine et sa petit sœur. C’est là que j’ai commencé à mettre en rapport ces situations de contage avec le cadre transférentiel de la cure psychanalytique. Et j’en ai écrit le parcours dans la troisième partie de mon livre « Encore un conte? » pour sa réédition chez L’Harmattan.

L'autre versant de mon écriture d'alors consistait à rendre compte, dans des revues spécialisées, de ma pratique d'animation de groupes de soignants. Nous essayions en effet de penser ensemble ces expériences partagées au cours de sessions de formation, et de les mettre en écho avec les expériences vécues par les soignants sur le terrain, dans les relations avec les personnes soignées et en particulier à partir du corps, corps soignant, corps soigné.

Mon écriture s'ancrait ainsi dans des expériences concrètes, celle des sessions vécues ensemble et celle que les soignants nous racontaient de leur exercice professionnel. Ecrire était aussi une façon pour moi de sortir des a priori qu’ils avaient souvent sur eux-mêmes, se considérant comme ne sachant pas réfléchir ni parler de façon intéressante. En écrivant, je leur faisais part de tout ce que j’apprenais avec eux et grâce à eux, j‘essayais d‘en formuler quelque chose de partageable.

Sur le terrain de l’infantile

Puis le travail du conte et celui de la psychanalyse m’ont amenée à explorer plus particulièrement nos représentations de la parenté et la construction psychique de la généalogie en croisant mon expérience psychanalytique, alors que je commençais à exercer comme psychanalyste, avec celles des historiens, des anthropologues et des romanciers. Cela a donné le livre « Parentés à la renverse » dans lequel je me suis intéressée aussi au jeu des sept familles, auquel nous avons tous joué, enfants, et qui malgré son ancienneté se maintient de nos jours, malgré les évolutions de la famille. Du coup il m‘a été proposé d‘en faire tout un livre, « Sept familles à abattre » publié avant « Parentés à la renverse » .

Depuis le début de ces travaux, j’ai donc exploré de différentes façons le terrain de l’infantile, en m’appuyant sur la mobilité psychique à l‘oeuvre dans nos multiples productions de jeux, de récits, de créations, d‘interprétations.Et je n’en avais pas fini puisque j’ai eu ensuite la proposition de travailler sur des faire-part de naissance. J’ai centré ce travail sur nos représentations de l’enfance, de la famille et de la parenté plutôt que sur une étude sociologique ou historique des faire-part et du coup le titre choisi a été « Faire-part d’enfances ».

La fabrique du livre

Mon rythme de publication devenait incompatible avec mes nécessités propres pour écrire, ma temporalité d’écriture. Je voulais sortir du discours universitaire mais aussi du discours pédagogique ainsi que des nécessités éditoriales. J’avais aussi le souhait de réarticuler mieux mes différents champs de recherche dans mon écriture, de la même façon que mon expérience de psychanalyste un peu plus expérimentée m’invitait à le faire. Mais le processus aboutissant à « Rue Freud » était en route depuis longtemps à mon insu.

Quand j’écris un livre, ce n’est pas une décision a priori. En tout cas pas pour « Rue Freud ». L’idée m’en est apparue « après-coup » , selon ce processus temporel si précieux dans l’expérience psychanalytique. Mes différents champs de recherche se sont mis à se rencontrer ici et là. Par exemple, mes travaux sur les contes et sur les représentations de la parenté m’ont invitée à explorer plus particulièrement le thème de l’interdit du regard en arrière, et du retournement derrière soi. Il se trouve que cela a rebondi ensuite sur la cure d’une patiente évoquant souvent la femme de Loth dans la Bible et sa transgression de l‘interdit de se retourner derrière elle sur Sodome en feu. Et à mon travail avec elle s’est jointe ma recherche personnelle sur ce thème de la femme de Loth, que j’ai retrouvé ensuite dans de multiples créations et qui m’a fait écrire sur lui avant même que l‘idée d‘un livre se dessine pour moi.

Il y a eu ainsi plusieurs moments de surprise, de découvertes, comme celle de la rue « Sigmund Freud » à Paris ou celle de la plaque commémorative de la station de métro « Charonne » , jusqu’à la découverte de l’impasse « Lacan » à Sète, qui se sont mis à converger dans l’idée d’une écriture pouvant les relier. Et alors que je travaillais également depuis longtemps sur la guerre d’Algérie, on m’a proposé d’intervenir dans un colloque d’historiens et d’anthropologues dont le thème portait sur les croisements de la grande Histoire et de l’histoire individuelle.

Il s’est ainsi passé à plusieurs reprises quelque chose de l’ordre d’une interprétation psychanalytique pour moi: je me suis mise à écrire sur le vif de ces imprévus, comme je l’ai fait avec les paquebots sétois, mais aussi comme au présent d’une séance, quand l’analyste saisit, parfois sans contrôle, le vif de ce qui surgit dans le transfert. Mais ces expériences-là supposent aussi la longue durée, celle de l’analyse ou celle de l’écriture, avec les après-coup, les reprises, les reconstructions, les renoncements. Et c’est sur ce fond-là que peut surgir parfois l’interprétation.

Avec le livre « Rue Freud » il s’est agi ainsi de tenter après-coup de proposer une écriture sans clivage pour rendre compte de cette incroyable expérience qu’est le travail de pensée de l’analyste. Nous travaillons avec les séances et en séance, mais aussi avec tous les rebonds associatifs de notre pensée, avec nos affects, notre culture et le cours de nos vies. Même si nous avons besoin d’écrits théoriques et de type scientifique, l’écriture de l’expérience psychanalytique ne peut s’en contenter. L’expérience psychanalytique est plurielle. Elle imbrique une diversité de niveaux d’expérience auxquels ne peut répondre qu’une diversité d’écritures. Or les modèles médicaux et universitaires s’imposent encore d’une façon trop écrasante dans le monde psychanalytique. Et ils ont tendance à évacuer la dimension subjective, celle de l‘intime, du côté de l’analysant comme du côté de l’analyste. « Rue Freud » est ainsi un texte fait de matériaux hybrides mais dont l’articulation est le fruit d’un travail psychanalytique allié à un travail d’écriture, l‘un et l‘autre étant pour moi indissociables.

Bibliographie

« Rue Freud », Hermann, 2013.

« Faire part d’enfances », Seuil, 2005.

« Parentés à la renverse », PUF, 2003.

« Sept familles à abattre », Seuil, 2000.

« Encore un conte? Le petit Chaperon rouge à l’usage des adultes », réédition L’Harmattan, 1996, collection « Ecriture et transmission » .

Blog « Rue Freud » accessible à l’adresse « Rue Freud » ou cdelagenardiere.blogspot.fr

Ce blog prolonge la recherche écrite dans « Rue Freud » par de courts articles intégrant des données qui ne pouvaient pas prendre place dans un livre, notamment en tant que reproductions d’œuvres picturales. Les thématiques de ces articles sont choisies de la même façon que les matériaux du livre: par des rencontres d’imprévus qui sont l’occasion pour moi d’interprétations psychanalytiques que j‘écris.