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RAPPORT D’ACTIVITES 2010
et perspectives 2011


Si on considère le bilan des activités de l’association en 2010, celui-ci apparaît très positif sur différents points au regard des buts déclarés de l’association.

Il y a aussi des questions qu’il est difficile de régler, et qui reviennent de façon récurrente dans nos réunions.
Ces difficultés tiennent sans doute pour une part à un manque de réactivité de notre part, mais cet aspect parait inévitable dans la mesure où nous sommes tous engagés par ailleurs dans une vie professionnelle, personnelle, dans d’autres activités qui ne permettent pas une disponibilité régulière ; et puis il y a peut-être le rapport au temps particulier au champ de notre pratique.
Mais cet aspect finalement structurel compte peu eu égard aux choses réalisées.

L’autre aspect est lié aux contingences extérieures, je pense entre autres aux difficultés concernant les lieux où s’effectuent nos activités, que ce soit pour les groupes de travail ou les conférences.
La question de la possibilité de recevoir la participation financière du public, nécessaire pour permettre l’organisation des évènements, est difficile à résoudre selon nos interlocuteurs et nous laisse dans une position peu claire qui continue à être pesante.
Sur ce point nous espérons des propositions sur ce qu’il sera possible de faire, après une rencontre avec le Premier Adjoint au Maire de Troyes chargé de la Culture et de la Vie Associative, qui s’est engagé à chercher des réponses au plan juridique par rapport à la politique des locations de salles décidée par la ville.
Il s’est par ailleurs montré tout à fait intéressé par notre association dans ce qu’elle propose de participer à la vie culturelle troyenne.

Le site enfin, qui est notre maison commune virtuelle mais bien réelle à la fois.
Il est visiblement assez visité, particulièrement autour des conférences, et génère des demandes de contact.
Son logiciel doit être mis à jour, et il doit être restructuré, mais là aussi nous devons nous appuyer sur des compétences extérieures et nous dépendons de la disponibilité des personnes qui peuvent s’y atteler.
J’ose à peine parler du forum, nous avons visiblement du mal à utiliser cet outil pour échanger, habitués sans doute à nous servir plus spontanément des emails.

On peut regretter ainsi que les questions d’organisation occupent beaucoup du temps de nos réunions, elles sont cependant inévitables. Il faudrait néanmoins pouvoir soutenir plus régulièrement l’abord de questions de fond concernant le champ psychanalytique et comment nos activités, leurs modalités de fonctionnement s’y inscrivent.

Passons maintenant, au-delà de ces bémols, à ce qui fonctionne : eh bien, au regard des buts déclarés d’APAT (il est toujours intéressant de relire nos statuts !), on peut tirer quelque satisfaction de ce qui a été réalisé en 2010.

Les conférences déjà, qui continuent à attirer entre soixante et une centaine de personnes, et souvent des personnes venant d’horizons différents selon les thèmes proposés.
Les retours sont en majorité positifs, et tout cela confirme qu’il y a bien un intérêt et une demande concernant ce que la psychanalyse peut apporter dans l’abord de différentes problématiques, cliniques ou sociétales.

Il y a eu cette année six interventions, certaines pouvant se poursuivre par un groupe de travail clinique :

- le 5 mars, Martine Menès avec sa conférence au titre un peu provocateur « A quoi sert un père ? »

- le 31 mars, Philippe Lacadée est intervenu sur « Les risques de l’adolescence », au cours d’une des 4 journées organisées sur ce thème par l’EPSMA et la PJJ avec le soutien d’APAT et deux interventions préliminaires effectuées par C. Derrey et D. Schmitt

- le 5 juin, Sylviane Giampino est venue nous parler sur le thème « Abord des problématiques de l’enfance : prévention ou prédiction ? » dans le cadre d’une journée organisée avec La Maison des Petits Pas pour fêter ses 20 ans d’existence.
Une personne engagée, très vivante et active, qui reste avec « Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans » très vigilante quant aux visées gestionnaire et comportementaliste sur le traitement des difficultés de l’enfance

- le 17 juin, Christine Salas avec Christine Leduc, diplômée de l’Ecole du Louvre, nous ont parlé de « La représentation de la Mort dans l’Art Contemporain », innovant par là une voie intéressante sur les connexions possibles avec le monde de l’art, comme l’année précédente avec la littérature lors de la conférence sur Duras

- le 10 septembre Gilda Sabsay-Foks est revenue de sa lointaine Argentine nous parler, dans un cercle plus restreint, de l’histoire de l’IPA autour de la question « Comment la psychanalyse survit malgré conflits et résistances »

- le 25 septembre enfin, Colette Combe est intervenue pour une conférence organisée avec le groupe Bourgogne-Franche-Comté de la SPP, sous le titre « Anorexie-boulimie : quel corps-mémoire ? » ; elle y a apporté une vision plus globale du traitement de ces graves problèmes alimentaires, avec des aspects sociologiques et médicaux qui débordent notre cadre habituel de référence.

D’autres conférences sont déjà prévues pour l’année à venir :

- mi-janvier Bruno de Halleux et Pierre Jacobs de l’Antenne 110 à Bruxelles pour évoquer les réponses particularisées pratiquées à plusieurs face à des enfants présentant des troubles graves de la personnalité ou autistiques ;

- début avril viendront Roshane Saidnattar avec la projection de son film « L’important c’est de rester vivant », et G. Welsch-Javé, sur la question du trauma.

- avant la fin de l’année scolaire, José Morel Cinq-Mars devrait venir nous parler de son travail autour du deuil.
Par rapport à la question quelquefois évoquée d’un cycle annuel de conférences sur un thème, cette démarche est sans doute plus cohérente pour une société de psychanalyse, en fonction de sa volonté de formation ou de ses recherches.

La diversité des thèmes proposés par APAT répond peut-être mieux à une des finalités de l’association, intéresser des personnes de milieux professionnels divers et faire valoir aussi la pertinence de l’abord psychanalytique de problématiques actuelles, qui ne manquent pas ; comme le symptôme qui se nourrit des signifiants de son époque, le malaise dans la civilisation est de structure, et seules ses manifestations peuvent prendre un air de nouveauté comme effets du « discours du maître » contemporain.
Il faut aussi rappeler que l’initiative de faire venir tel ou tel conférencier tient au désir de membres de l’association, désir éveillé par un intérêt particulier ou par une heureuse et intéressante rencontre.

Le retour largement positif sur ces manifestations, sur ce que propose l’association ne vient pas que du public, mais aussi des conférenciers qui sont souvent agréablement surpris de notre capacité à faire fonctionner notre association malgré notre appartenance, officielle ou non, à des courants psychanalytiques différents.

C’est justement parce que nous ne sommes pas une école de psychanalyse, une association de psychanalystes, mais une association ouverte pour la psychanalyse que nous pouvons échanger et travailler ensemble malgré nos divergences sur des points théoriques sans être obligés de nous exclure pour garantir une ligne théorique particulière.
Notre fond commun est depuis le départ la référence freudienne, socle de ses différents développements.

Il semble d’ailleurs qu’ici ou là des rapprochements s’opèrent à la faveur de concepts qui, à circuler dans le langage, deviennent incontournables. On sait aussi que les dissensions fondées sur des positions théoriques sont aussi l’affaire de tous les groupes humains.
Il parait qu’il existe à Londres des groupes fonctionnant dans ce même esprit de rapprochement, particulièrement dans la jeune génération.
Quoiqu’il en soit, et malgré des prédictions entendues quelquefois sur l’impossibilité que ça puisse ainsi fonctionner, APAT s’inscrit dans la durée, et pas seulement depuis ses quatre ans d’existence officielle, mais depuis bientôt 20 ans !

Nous garderons les groupes pour la fin, puisqu’un représentant de chacun pourra évoquer leur fonctionnement et le travail qui s’y réalise.
J’en rappelle juste le nombre et la nature, ainsi que le nombre de participants, les noms et coordonnées des responsables sont sur le site.

- trois groupes cliniques, rassemblant respectivement 7, 6 et 4 personnes ;

- quatre groupes théoriques : sur la pensée de Winnicott (10), lecture du séminaire X de Lacan « L’angoisse » (7), cinéma et psychopathologie (11), lecture de « la vie sexuelle » de Freud (5) ;

- deux propositions de groupe théorique : sur les résistances à la psychanalyse, en attente d’un nombre suffisant de participants pour fonctionner ; sur le transfert et le contre-transfert dans la clinique analytique, groupe qui se met en place.

- proposition d’un atelier sur le corps dans l’art, corps sublimé, érotisé, hystérisé, martyrisé ; en attente aussi d’un nombre suffisant de participants pour pouvoir fonctionner.

- le séminaire de D. Lévy sur la sexualité se poursuit de façon animée avec un nombre assez constant de participants.

C’est donc au total plus de 50 personnes qui sont au travail dans ces groupes, même si certaines personnes bien sûr participent à plusieurs d’entre eux.
Il faudrait certainement pouvoir proposer une autre modalité de travail clinique à des personnes qui, bien que n’étant ni psychanalystes ni psychothérapeutes, sont pour autant confrontées dans leur travail à de la clinique, mènent des actions à valeur thérapeutique, et qui pourraient trouver dans l’apport psychanalytique de quoi soutenir leur interrogation et ajuster leur position, surtout dans les contextes institutionnels actuels ; et ce, dans un enrichissement mutuel.

Avant d’entendre notre trésorière sur le rapport financier, d’effectuer les votes et de passer la parole aux représentants des groupes, il est important de souligner une autre avancée dans de sens de l’ouverture de l’association : des relations qui s’ébauchent avec le monde de l’art donc, avec celui du livre par des échanges avec la Médiathèque du Grand Troyes, enfin avec le monde du spectacle dans le projet de faire venir à Troyes le spectacle de Nathalie Joly sur Yvette Guilbert et sa correspondance avec Freud ; projet conséquent en termes d’organisation et de financement, qui ne pourra voir le jour qu’en partenariat avec des organismes de théâtre ou municipaux.

Enfin, le nombre de personnes intéressées par nos activités est en nette augmentation avec près d’un quart de nouvelles adhésions cette année.
C’est très encourageant, même si l’on peut penser que nous atteignons certainement un seuil au-delà duquel les choses risquent de devenir plus compliquées en terme d’organisation et de préservation de « l’authentiquement psychanalytique » qu’évoquait Danièle Lévy l’an passé.

Restant ouverte à tous, il nous faudra veiller à ce qu’APAT puisse continuer à accueillir tout adhérent qui a un réel intérêt pour la chose analytique et est mobilisé par un désir de savoir ou de transmission de savoir dans un échange avec les autres, ou un désir de soutenir nos activités ;
APAT n’étant pas une école, ne peut donner aucune caution ni garantie.

Pour conclure, APAT me semble-t-il se porte plutôt bien avec une réelle progression vers les buts qu’elle s’est assignés.
Chacun y est porté par ce qu’on peut reconnaître comme quelque chose du désir de l’analyste, pour le moins d’un désir concernant la psychanalyse.
Il y circule du transfert quant au savoir, chacun pouvant soutenir pour l’autre la fonction du « sujet supposé savoir » dans un partage.

Les activités de l’association sont en tout cas le fruit de beaucoup d’engagement et d’énergie, merci pour cela aux membres qui, chacun à sa façon et selon ses disponibilités, y participent.
On peut regretter que personne n’ait pu ou souhaité se proposer à occuper la place disponible au bureau ; c’est pourtant intéressant, on y apprend beaucoup, dans la réalisation des choses, à se confronter aux autres avec le souci de l’intérêt commun, et cela oblige à l’occasion à quelque dépassement de sa façon d’être.

Un remerciement particulier pour les membres qui initient groupes de travail et conférences, à notre première présidente Danièle Lévy pour sa précieuse contribution à la mise en route de l'association, ainsi qu’aux autres membres du bureau pour leur activité soutenue, leur efficacité, et leur bonne humeur !

Denis Schmitt

le 22 janvier 2011