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ASSEMBLEE GENERALE DU 02 FEVRIER 2019.

Rapport moral de l’association Actualité de la Psychanalyse à Troyes, pour 2018

 

Chers membres adhérents, collègues et amis, je voudrais commencer ce rapport d’activité de l’année 2018 par un rappel à notre mémoire de la psychanalyste Gilda Sabsay Foks, décédée en mars, elle qui devint la marraine de notre association à sa création en 2006. Gilda est venue à trois reprises nous parler de ses trouvailles théoriques et cliniques, dans une langue qui traduisait le français  toujours en bordure du sens convenu pour qui n’a connu que cette langue,  laissant ainsi planer cette opacité propice au surgissement du sens, telle que l’énigme de l’inconscient nous y confronte. Il faut dire aussi qu’au-delà de la syntaxe singulière du discours de Gilda, il y avait une grande expérience, un travail théorique constant sur la pensée freudienne et une fraicheur intuitive qui faisait mouche. Un hommage lui a été rendu sur le site. Son intérêt pour la vie des institutions analytiques l’avait rendue très attentive à notre association. Nous  gardons en héritage l’exigence et l’engagement de sa position analytique.

Par ses activités, l’association Actualité de la psychanalyse à Troyes a continué cette année à mettre à l’œuvre :

 - l’actuel dans le sens de la pensée analytique en tant qu’acte qui engage et qui se soutient d’une éthique ;

- le fondamental de la psychanalyse, dans le travail de la théorie et de la pratique clinique ;

- le thérapeutique en ce sens que l’association propose des outils utilisables par les praticiens ;

- le politique dans les liens qu’APAT développe avec les instances qui structurent la vie sociale, culturelle et politique proprement dite.

Les activités se sont ainsi présentées :

 

I. LES CONFERENCES

Le 07 avril l’association a accueilli Fabienne de Lanlay et Claude Broclain, tous deux psychanalystes et psychodramatistes formateurs, venus parler du psychodrame psychanalytique et de sa valeur thérapeutique quand les processus symboliques sont en défaut.

Le 16 juin, Marie-José Soubieux, pédopsychiatre et psychanalyste, est venue parler, à partir de son livre « Le berceau vide », de sa longue expérience clinique du deuil périnatal.

Le 30 novembre, Heitor de Macedo, psychanalyste, a proposé, dans sa conférence « La répétition et la vie » une réflexion sur le processus de la répétition dans le transfert et dans la vie.

Le 19 janvier 2019, Patrick Chemla, psychiatre et psychanalyste, bien connu pour sa direction du Centre Antonin Artaud à Reims et premier invité pressenti par Pierre Kahn à la naissance d’APAT, a proposé d’échanger sur la psychiatrie actuelle telle qu’il la pense et conçoit comme espace pour accueillir la folie. Patrick Chemla est venu en tant qu’héritier et transmetteur d’une pratique de la psychothérapie institutionnelle prise dans les mouvements de l’histoire sociale, économique et politique, mais prenant aussi ces mouvements, de fait et à bras le corps dans sa propre histoire.

Chaque conférence a été suivie d’un travail clinique en petit groupe.

Nous avions prévu d’accueillir Janine Altounian le 28 septembre. La conférence a dû être reportée au 08 mars suite à un problème de santé de notre conférencière. Janine Altounian, héritière de survivants du génocide arménien, analysante et traductrice de Freud, parlera de la cure, du travail de traduction et de l’écriture dans leur dimension clinique de dégagement du trauma.

 

II. LES GROUPES DE TRAVAIL

Les groupes de travail théorique, que l’on peut nommer pour certains groupes théorico-cliniques :

Un nouveau groupe théorico-clinique est en cours d’organisation. La thématique portera sur la psychopathologie du lien social et ses expressions : conduites à risque, violences, toxicomanies, etc. Il est proposé par Pauline Hager et Carine Malichier.

Les groupes cliniques :

L’association remercie les institutions de l’inter-secteur de psychiatrie enfants et adultes de Brienne qui mettent à disposition leurs salles pour permettre à certains de ces groupes de se réunir mensuellement.

 

III. NOUVEAUTES, PROJETS, CONTINUITE

Pour continuer à faire connaitre son existence, l’association s’est dotée depuis cette année d’une brochure qu’elle a élaborée dans l’ intention de présenter ses objectifs et ses activités. Elle se transmet dans les temps formels tels que les conférences, mais aussi au gré des rencontres que chacun peut juger opportunes pour la présentation de cette brochure. Cela suppose un échange que le site ne permet pas, échange permettant de dire ce qui ne peut s’écrire. Cette brochure n’a pas pour vocation de détailler dans le menu  la vie associative, mais d’en donner la structure et l’esprit. Le site informatique reste le lieu de toutes les informations détaillées du même contenu et des mouvements en temps réel de cette vie associative grâce au travail assidu de Denis Schmitt, notre webmaster.

APAT a comme projet d’ouvrir un nouveau lieu de rencontre et une nouvelle forme de travail. Il met du temps à mûrir, ou bien sommes-nous déjà bien occupés. L’idée est de consacrer trois ou quatre samedis après-midi par an à une réflexion approfondie de la pratique analytique et avec un nombre limité de participants. Cette idée pourrait venir d’un invité extérieur, d’un livre, d’une proposition d’un collègue. Thierry Schmeltz a proposé de débattre de la clinique des premiers entretiens dans un travail analytique. Ce projet est donc voué à se réaliser prochainement.

Poursuivant l’objectif de rendre présente la psychanalyse dans le champ public, l’association réinvente sans cesse sa réflexion sur son positionnement face à de nouveaux faits sociaux. Elle se propose ainsi d’être un soutien, un lieu de diffusion par son site de ce qui se vit dans les institutions psychanalytiques officielles qui soutiennent des actions concernant le devenir de la psychanalyse. Ainsi, le site d’APAT a récemment été un lieu d’information et de diffusion du texte : « Rapport sur les avancées et les apports des psychanalystes français dans le champ de la santé mentale, de la jeunesse et de la culture », rapport que toutes les institutions psychanalytiques ont pour la première fois contresigné.  L’idée venue de Guy Dana, président du Cercle freudien, s’est concrétisée, après une année de   réflexion, par  la rédaction d’un texte de 63 pages menée par Patrick Landman, initiateur du Stop DSM, Pascal-Henri Keller, universitaire à Poitier et quelques autres du groupe DSM, tous praticiens de santé mentale, psychiatres et psychanalystes de toutes orientations. Ce rapport est destiné au Ministère de la santé et à la commission d’élaboration de la future loi Hôpital-santé-territoires. Il détaille le travail du psychanalyste dans quatre de ses domaines essentiels d’intervention: l’activité scientifique, la pratique institutionnelle, les soins portés à l’enfance et à la jeunesse et la culture. Danièle Lévy a été le lien entre APAT et cette commission. C’est un exemple de l’actuel en tant que relevant de l’acte d’écriture et de transmission.

APAT informe régulièrement des initiatives auboises, régionales et nationales ayant à voir avec la pensée et la clinique analytiques ainsi qu’avec le soin psychique. Manifestations et manifestes, conférences et projections-débats etc., comme ce fut le cas entre autre pour le programme aubois d’information sur la santé mentale en mars 2018 ou pour la journée nationale pour la psychiatrie accompagnée d’un manifeste pour le renouveau des soins psychiques le 22 janvier 2019. Cette journée suivait de trois jours la venue de Patrick Chemla qui en a été l’un des initiateurs.

Lorsque des sujets concernant la vie politique telle qu’elle est institutionnalisée dans notre région, APAT doit pouvoir rencontrer les interlocuteurs privilégiés pour rendre compte de l’inflexion de l’inconscient dans la vie psychique individuelle et collective et montrer en quoi la psychanalyse peut aider à penser le champ du politique.

Les débats sur l’accompagnement des enfants autistes et leurs familles, sur la prévention de la délinquance, sur l’avenir d’une psychiatrie dynamique ou aliéniste et la définition même de la santé mentale, les neurosciences, les radicalisations etc., etc., sont autant de sujets traversant les préoccupations de l’association.

Dans ses initiatives locales, APAT a dernièrement répondu à une proposition de rencontre avec l’association « La plume et le vent » dont Mara Serrano est présidente, pour parler de la psychanalyse sur un thème que nos collègues Béatrice Braun et Alain Méry on choisi : « La psychanalyse résistera t- elle au changement ? » et qui a rencontré un public intéressé.

Par ailleurs, le partenariat avec l’Institut universitaire Rachi et sa directrice Géraldine Roux sous le titre « Approches psychanalytiques » s’est poursuivi en 2017-2018 avec un cycle de séminaires rassemblés sous le titre : « Que peut la psychanalyse aujourd’hui ? ». Depuis la rentrée de septembre 2018, chaque intervenant propose une réflexion analytique sur l’Amour.

Le lien avec la médiathèque se poursuit également, chaque membre d’APAT pouvant soumettre des propositions de livres ou dvd sur des thèmes accessibles au grand public et concernant les préoccupations de ce grand public, tel que celui-ci soumet ses attentes auprès des interlocuteurs de la Médiathèque, ce qui est une perspective utile à l’association. Des livres sont régulièrement achetés sur les propositions d’APAT.

L’association réfléchit continuellement aux moyens de proposer son énergie, ses connaissances autant que sa demande d’apprendre aux divers lieux culturels et d’enseignement. Proposer des conférences à l’Université comme cela a été fait pour l’accueil de Fethi Benslama venu début 2018 en partenariat avec l’association «  Partage  Aube » répond à une réelle attente des étudiants. Notre interlocuteur, Xavier Claverie, responsable administratif du Campus universitaire des Comtes de Champagne accueille avec grand intérêt les sujets des conférences d’APAT pouvant venir croiser sous une forme inédite les cursus universitaires.

Des initiatives individuelles extérieures aux activités d’APAT peuvent amener les membres d’APAT à se rencontrer, comme il en a été pour le texte écrit par Béatrice Braun et intitulé : « Face à adversité…Et pour le plaisir de travailler ensemble ? », publié dans le numéro de la Revue française de psychanalyse de juillet 2018 consacré à Lacan. Ce texte contenant une réflexion personnelle de notre collègue sur les processus psychiques à l’œuvre dans la fondation et la vie de l’association, il nous paraissait approprié de le mettre en partage et discussion entre membres actifs.

Pour conclure ce rapport moral, nous insistons sur le fait qu’il y a une politique de toute vie associative puisque par nature, toute association est amenée à promouvoir, revendiquer, soutenir des idées qui viennent s’exprimer dans l’espace public et donc au contact des institutions qui organisent le fonctionnement de cette vie publique. Porter dans cet espace public une connaissance de la psychanalyse comme science de l’humain n’est pas un engagement à la légère. Peut-être encore plus que les institutions psychanalytiques qui forment les analystes, la continuité des engagements associatifs d’APAT suppose une réflexion constante sur ce qu’elle soutient dans cet espace public, puisqu’ elle ne doit céder à aucune facilité, à aucun compromis avec ce qui pourrait se présenter comme la réponse directe et frontale à la  demande d’un savoir sur la vie inconsciente, savoir qui ignorerait avec superbe la nécessité d’en passer par le détour du transfert et la clinique du fantasme pour maintenir une pensée dynamique de la psychanalyse.

Toute à sa tâche, notre association est comme un organisme qui a su créer le milieu qui lui convenait pour évoluer. Sa stabilité lui permet d’accueillir les idées novatrices nécessaires à son renouvellement, qu’elles viennent des plus expérimentés comme des plus jeunes esprits pour lesquels elle espère qu’ils se lanceront dans l’aventure pour 2019.

                                                                                                      Le 02 février 2019

                                                                                                 Anne Delafosse-Bazin,

                                                                                                       Présidente d’APAT