Hommage

 

Chers adhérents,

L’association APAT est triste de vous annoncer le décès de sa marraine, Gilda Sabsay-Foks.

Elle était venue nous rencontrer à trois reprises lors de ses voyages Buenos Aires – Paris, avec des textes qui montraient le large champ de ses recherches et de ses trouvailles théoriques et cliniques:

            2006 : Le narcissisme dans la cure

            2008 : Psychanalyse de la vieillesse

            2013 : La question de la guérison en psychanalyse

Elle aimait venir rencontrer notre association, comme elle aimait soutenir tout engagement pour la psychanalyse face à ce qui peut dissocier son exercice. Elle était soucieuse de ce qui peut relier entre eux les analystes et tous ceux qui ont une curiosité pour la vie psychique. Elle était donc devenue naturellement notre marraine.

(Première conférence pour APAT le mois de sa fondation, en octobre 2006).

Médecin, psychiatre et psychanalyste à Buenos Aires depuis 1959, elle était un membre insigne de l’Association psychanalytique argentine qui lui avait confié la Commission d’Histoire de la psychanalyse. Sa pratique en tant que médecin et psychanalyste pendant presque vingt ans dans un service de dermatologie avait marqué un sens particulier de l’observation clinique.

Mariée à un français, Henri Foks, et très liée à la France, elle avait invité de nombreux analystes français tels que Serge Leclaire, Guy Rosolato, André Green dans les années 70. Lors de ses nombreux séjours en France, elle apportait sa contribution aux débats de plusieurs associations (SPP, Association Internationale d’Histoire de la Psychanalyse (AIHP), Espace Analytique, Le Cercle freudien, association Psychanalyse et Médecine). Vice-présidente de l’AIHP dès l’origine, elle était aussi membre d’honneur d’Espace Analytique, et d’Actualité de la Psychanalyse à Troyes.

Sa générosité et son franc-parler dans l’échange étaient nourris d’une profonde connaissance de la pensée freudienne et d’une vaste expérience de la psychanalyse, y compris dans des conditions d’extrême difficulté, et elle savait en parler. Elle avait pratiqué la psychanalyse en Argentine pendant qu’un régime militaire menait le pays par la terreur. «Comment poursuivre l’exercice de la psychanalyse en situation d’urgence, en se cachant, dans la douleur, la peur […] sans le cadre et les instruments traditionnels (cabinet, divan, secret assuré) ? »

Cette résistance éclairée l’avait probablement  transformée et poussée dans sa réflexion sur ce qu’est «l’esprit analytique». On pouvait ainsi lire: «Si cet esprit se maintient, il peut fonctionner tout en s’adaptant aux particularités du moment et poursuivre sa tâche…». Et elle ne mâchait pas ses mots pour dire:« la subversion du psychanalyste c'est de s'immiscer dans ce qui ne doit pas être révélé ».

Elle parlait là de l’ouverture à l’inconscient, mais c’était aussi parler d’une position analytique libre dans son écoute, si elle s'y tient face au chaos et aux attaques extérieures.

Cette position analytique, nous l’avons perçue dans ce quelque-chose qui tenait à sa personne, au travail de conviction et d'attention auprès de ses patients, à ses recherches théoriques au détour desquelles pouvaient surgir lueurs, saisissements et jaillissements traversant l’opacité du travail clinique, et qui tenait aussi à son intérêt pour la vie des institutions, les relations entre analystes et toute vie de groupe.

Gilda avait de l’audace et possédait le sens commun qui la faisait être dans l’air du temps.

L’association APAT gardera en héritage cet esprit et cette position analytique exigeants auxquels elle veillera à rester fidèle en mémoire de Gilda, pour ce qu’elle  soutient dans notre région et pour l’avenir de la psychanalyse.

Un seul livre traduit en français : « Prométhée brûle encore. Une histoire de la psychanalyse en Argentine (1900-1960).» Ed. La rumeur libre 2014

En espagnol (Argentine) « El develamiento de nuestras mascaras ». Ed. Leviathan, Buenos-Aires 2000. (Mascaras signifie mascarades ou massacres !)

 

                                                                                           Anne Delafosse-Bazin

                                                                        Présidente d’Actualité de la Psychanalyse à Troyes

                                                                                                  Danièle Lévy

                                                                                Membre d'APAT et du Cercle freudien

 

 

Réponse d'Henry Foks au message de D. Lévy pour APAT

Chers amis de Troyes avec tristesse je maintiens le lien tracé par Gilda, je vous embrasse très fort et vous remercie de votre hommage si chaleureux.

Henry